En mai et juin 2015, nous avons publié quelques lignes sur la crise politique sur fond des violences sanglantes que traversait le Burundi suite à la candidature du président en exercice au 3è mandat jugé illégitime par les partis d’opposition et une grande partie d’organisations de la Société Civile. Dès le début des manifestations de fin avril 2015, des voix se sont élevées au niveau international pour en appeler au respect de la Constitution et des Accords d'Arusha dans leurs clauses sur la limitation des mandats.
Malgré tous
les appels, le pouvoir en place a réagi par la fuite en avant matérialisée par
la poursuite de la répression entrainant beaucoup de morts et la fuite des
populations vers les pays limitrophes. Comme évoqué dans les articles
précédents, cette répression ne devait pas épargner les défenseurs des Droits
de l’Homme et les agents des médias privés, obligés de se terrer ou de prendre
le chemin de l’exil. Bon nombre se verront soumis à la
tentative de retrait des passeports auprès de
l'Interpol. Des demandes d’extradition auprès des pays où séjournent les
concernés devaient suivre.
Là encore la Communauté
internationale et les partenaires classiques du Burundi ont poursuivi des
appels à l’apaisement et au Dialogue, tout en brandissant des sanctions, où
certains avaient suspendu leur contribution dans le budget électoral. Au cours
de la 30è session du Conseil des Droits de l’Homme, la situation du Burundi a
été longuement discutée et fait objet de résolution, recommandant notamment de
maintenir le Burundi à l’ordre du jour des prochaines sessions.
Trois mois se sont écoulés depuis le forcing des élections générales gagnées sans surprise par le
parti au pouvoir suivi par la mise en place des institutions conséquentes. Le
paysage politique burundais ne fait pas entrevoir d’éclairci dans la fin de la
crise. Au Dialogue inclusif tant conseillé de tous côtés, le Gouvernement y
répond par des subterfuges ou des conditions trahissant un refus pur et simple.
Entre temps, les assassinats, les disparitions forcées, les emprisonnements et
les tortures, en particulier à Bujumbura dans les quartiers dits « contestataires »
ne font qu’augmenter. Les forces de sécurité accusent les détenteurs d’armes
illégales de s’en prendre à ses agents; d’aucuns parlent de guérilla urbaine et
de naissance d’une rébellion; toujours est-il que les populations civiles prises
entre plusieurs feux ne savent plus à quel saint se vouer.
En début de
la semaine du 2 novembre, c’est une peur panique qui s’est emparée des
habitants de Bujumbura suite au discours de hautes autorités plein de menaces et
promettant de punir sans pitié toutes les personnes qui détiendraient des armes qu'elles sont appelées à remettre dans cinq jours.
Face à
l’escalade, la Communauté
internationale ne cesse de hausser le ton. Quelques puissances ont pris des
dispositions concrètes : les Etats Unis d'Amérique ont récemment retiré au Burundi le
statut de partenaire commercial privilégié. L’UE a brandi la mise en
application des clauses des Accords de Cotonou en cas de violation des Droits
de l’Homme. Quelques pays membres de cet ensemble ont interrompu une partie de
leur coopération.
Au moment
de la rédaction de ces lignes, la peur, les mouvements de population, les
tueries sèment la désolation dans les quartiers Nord de la Capitale Bujumbura.
Encore une fois des voix s’élèvent de partout : Conseil de Sécurité, Union
Africaine, ONG et différentes institutions telles que International Crisis
Group , Humain Right Watch …Le journal Libération du 4 novembre 2015 livre un
commentaire fort: « Pour beaucoup, les demandes diplomatiques sont encore
trop lentes pour arrêter la spirale extrémiste d’un régime qui n’a plus rien à
perdre. Mardi, un post Facebook attribué à un partisan du président, mettant en
scène une machette et annonçait en kirundi : « les élections sont
finies reste maintenant à passer au travail » En effet le titre du journal
évoque le risque de génocide"
BANGWE et DIALOGUE souhaite pour sa part un saut qualitatif des burundais à commencer par les
dirigeants en vue du retour de la paix civile et la résolution pacifique de la crise. Quant à la Communauté
internationale, nous lui lançons un vibrant appel pour qu'elle prenne les responsabilités à la hauteur de
la situation et aider le Burundi de façon concrète et efficiente.
La Coordination
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