Alerte violation des Droits Humains au Burundi


 Ce qui arrive au Burundi depuis la dernière semaine d'avril à aujourd'hui était pressenti.

En jeu, les échéances électorales où le président en exercice brigue un 3è mandat. Or,  selon les accords d' Arusha signés en 2000 après une quinzaine d'années de guerre civile, la durée du mandat à la tête de l' Etat ne doit pas dépasser dix ans soit cinq ans renouvelables une fois. Ceci est repris dans un article de la Constitution. Mais dans ce texte fondamental, il est stipulé que pour le premier mandat post transition qui allait de 2005-2010, le Chef de l'Etat devait être  élu par les institutions habilitées, le Parlement et le Sénat en l'occurrence.

C'est ce créneau qu'a emprunté le parti au pouvoir pour présenter le président en exercice comme candidat au 3è mandat, en  arguant que le premier  ne lui avait pas été confié par suffrage universel. Cette position est appuyée par la Cour constitutionnelle, par une grande partie des forces de sécurité, et par différents acteurs de la mouvance du parti au pouvoir.

Les partis politiques de l'opposition, différents leaders de la Société civile, une grande partie de la majorité silencieuse lambda ne l'entendent pas de cette oreille. Ils ont crié à l inconstitutionnalité du 3è mandat et ont opté pour des manifestations de la rue pour l'exprimer. Notons que différentes institutions et partenaires nationaux et internationaux du Burundi ont abondé dans le même sens et ont recommandé  le respect de la Constitution et des accords d'Arusha, mais en vain.

La suite du tableau a été marquée par la proclamation officielle de la candidature du président en exercice par le parti au pouvoir en date du 25 avril 2015. S'en sont  suivi les manifestations contre ce mandat dès le lendemain de cette nomination, soit le 26 avril 2015 et elles se poursuivent jusqu à ce jour où nous publions cet article..

Si les manifestations avaient été annoncées, on était loin de s'imaginer les violences et la répression qui allaient s'abattre sur les manifestants et aux conséquences dans la vie quotidienne des burundais.
Les tirs à balles réelles, les emprisonnements massifs, la chasse aux leaders de la Société Civile, la fermeture des campus universitaires et établissements à régime d'internat, autant de faits et d'autres qui rappellent les périodes sinistres de la guerre. Les médias et la presse privée  paient le plus fort de cette répression: la radio la plus populaire du pays "RPA" a été obligée de fermer dès le premier jour des manifestations, tandis que les Radios Isanganiro et Bonesha FM ne peuvent plus émettre à l'intérieur du pays. Le groupe de presse Iwacu vient de se voir coupé les services du téléphone fixe (cfr www.iwacu-burundi.org)

Les femmes ne sont pas épargnées. Deux épouses de  leaders politiques ont échappé de justesse aux tentatives d'assassinat. Notez également que cinq femmes ayant des enfants en bas âge sont emprisonnées depuis le 8 mars 2014 alors qu'elles participaient à des manifestations pacifiques après une réunion d'un parti agrée qui se tenait le même jour.

Il relève de ce qui précède que le Burundi traverse une période de crise aux répercussions imprévisibles dans la mesure où le fonctionnement quotidien est tributaire de tout le climat peu sécurisant. La Communauté internationale, les institutions régionales et sous régionales, toutes les forces pacifiques de tous horizons devraient se manifester pour aider la jeune démocratie burundaise à triompher de la crise et à se relever.

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