Alerte sur la violation des Droits Humains au Burundi (suite)


Dans notre dernier article publié il y a une dizaine de jours, nous vous donnions un aperçu sur les remous et les violences engendrés par la candidature du président de la République pour un 3è mandat considéré comme inconstitutionnel par l'ensemble des opposants politiques, des leaders de la société civile et bon nombre de citoyens.

Depuis, la situation s'est empirée. Les manifestations se sont poursuivies sans discontinuer durant deux semaines. Les femmes s'y sont démarquées, réussissant une manifestation sans violence jusqu'au centre de la ville de Bujumbura. Des communes péri-urbaines et quelques provinces rurales ont été concernées.

La répression violente des forces de sécurité s'est poursuivie dans les mêmes proportions. Les tirs à balles réelles notamment ont fait une vingtaine des morts parmi les manifestants et plusieurs blessés.

Mais un cap a été franchi le mercredi 13 mai 2015 et la capitale burundaise connaissait un état d'insurrection  caractéristique d'une situation de guerre: Une frange de la hiérarchie militaire a mis en œuvre une tentative de coup d'Etat alors que le Chef de l'Etat  participait à un sommet des États de l'Afrique de l'Est (EAC) sur la situation au Burundi. Le coup de force a échoué tandis que le pays en général, la capitale Bujumbura en particulier vivait dans la peur et la confusion d'autant plus que tous les circuits de la presse privée et les radios devaient payer le plus fort des représailles par  le saccage et la destruction de leurs infrastructures. Les journalistes ont dû  soit prendre la fuite soit vivre terrés car visés exprès.

Même si le discours officiel fait état du retour à la normale, et que les meneurs du coup de force soient sous les verrous à l'exception du premier meneur toujours en fuite, pour la population, les manifestants en particulier, l'heure est à la peur du lendemain mais surtout des représailles, en particulier dans les quartiers urbains où les manifestations ont été les plus soutenues. Mais pas seulement. Dans une localité rurale, trois frères devaient subir des représailles sans s'y attendre le moins du monde: A l'issue d'un meeting organisé par les membres du parti au pouvoir, les responsables auraient recommandé de punir tous ceux qui s'opposent au 3è mandat considérés ipso facto comme des partisans au coup d’État. Arrivés prés d'un centre de négoce, des militants remontés n'ont pas hésité à tabasser un des trois frères tandis que l'autre parvenait à s'enfouir. Alors que leur grand frère faisait tout pour aider son petit frère molesté et amené au cachot communal, de retour il a trouvé son magasin saccagé et les vitres cassés.

En conclusion, la crise actuelle du Burundi ne va sans susciter des questions. Quels que soient les problèmes et les défis observés, l'opinion nationale et internationale s'accordent à reconnaître que depuis la signature des accords de Arusha, le pays avait franchi un pas appréciable dans la marche vers la démocratie et la bonne gouvernance. Mais aussi, d'aucuns ne comprennent pas le climat de violences et de violations massives des Droits Humains, caractéristiques des dictatures. Quant à la proclamation de la candidature du président en exercice d'un 3è mandat et les manifestations contre, elles  font craindre un retour en arrière aux  conséquences imprévisibles. Notre souhait est que tout soit mis en œuvre pour contredire ce scenario du pire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire